[article]
Titre : |
Le roman gothique [dossier] : l'éternel revenant |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
François Angelier, Auteur |
Année de publication : |
2015 |
Article en page(s) : |
p. 68-97 |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
roman gothique roman littérature |
Index. décimale : |
811.133.1 Français |
Résumé : |
Vallées sans retour, prêtres pervers, chairs viciées, vierges effarées… la littérature gothique sort de son caveau. De Frankenstein à Lewis, ce dossier explore à travers les âges la contagion gothique.
Si certaines phrases, comme le proclamait Louis Aragon, «cognent à la vitre», certains mots ont la vertu de la fêler. Ainsi «gothique», terme lourd de sombres périls, renvoyant à la menace du Goth rôdant aux frontières, désignant la dentelure acérée de la typographie allemande ou définissant cette esthétique architecturale qui brise net l'arrondi serein du plein cintre roman. Prédation, formes menaçantes ou mise en péril de la plénitude harmonieuse, trois dimensions que l'on va retrouver dans cette exploration, torche en main, des souterrains romanesques du gothique anglais puis, au fil d'une évocation de la contagion gothique des univers romanesques européen et américain, des mondes graphiques et de l'écran démoniaque du cinéma mondial. Un gothique devenu même art de vivre, puisqu'il désigne aujourd'hui un mode d'être et d'apparaître qui fait charbonner la paupière, blêmir la peau et acérer les dents. Au long de ce dossier à charge, il sera en effet question de val sans retour et de cimes écharpées, de castels noirs et de monastères carcéraux viciés par la chair, de sombres scélérats, en bure ou en armure, et de vierges effarées. Un roman gothique anglais, voué aux émois sublimes, né d'une houle noire qui va de Shakespeare aux «poètes des cimetières», et dont l'effrayant déploiement, du Château d'Otrante (1764) à Melmoth (1820), gagne toute l'Europe. Marquant durablement les romantiques, l'esthétique symboliste et décadente, la sensibilité surréaliste, il passe le témoin, dans les années 1920, au cinéma, connaissant avec F. W. Murnau, Tod Browning et James Whale une assomption visuelle que parachèveront les cinéastes italiens ou les films de la Hammer et que répercutera la bande dessinée, de Bernie Wrightson à Philippe Druillet. Loin de n'être qu'une batterie d'accessoires faciles à parodier ou un lot de grosses ficelles aisées à actionner, le récit gothique offre à l'homme la capacité de sonder sa matière noire et d'éprouver, en connaisseur, ce «ruissellement mercuriel» de la peur dont parlait Henri Michaux. La peur est notre seconde peau, nous susurrent les enfants de la nuit. C'est le ver qui donne son goût au fruit : telle est la leçon du gothique. |
Permalink : |
http://catalogue.iesp.be/index.php?lvl=notice_display&id=19014 |
in Le Magazine littéraire > 552 (Février 2015) . - p. 68-97
[article] Le roman gothique [dossier] : l'éternel revenant [texte imprimé] / François Angelier, Auteur . - 2015 . - p. 68-97. Langues : Français ( fre) in Le Magazine littéraire > 552 (Février 2015) . - p. 68-97
Mots-clés : |
roman gothique roman littérature |
Index. décimale : |
811.133.1 Français |
Résumé : |
Vallées sans retour, prêtres pervers, chairs viciées, vierges effarées… la littérature gothique sort de son caveau. De Frankenstein à Lewis, ce dossier explore à travers les âges la contagion gothique.
Si certaines phrases, comme le proclamait Louis Aragon, «cognent à la vitre», certains mots ont la vertu de la fêler. Ainsi «gothique», terme lourd de sombres périls, renvoyant à la menace du Goth rôdant aux frontières, désignant la dentelure acérée de la typographie allemande ou définissant cette esthétique architecturale qui brise net l'arrondi serein du plein cintre roman. Prédation, formes menaçantes ou mise en péril de la plénitude harmonieuse, trois dimensions que l'on va retrouver dans cette exploration, torche en main, des souterrains romanesques du gothique anglais puis, au fil d'une évocation de la contagion gothique des univers romanesques européen et américain, des mondes graphiques et de l'écran démoniaque du cinéma mondial. Un gothique devenu même art de vivre, puisqu'il désigne aujourd'hui un mode d'être et d'apparaître qui fait charbonner la paupière, blêmir la peau et acérer les dents. Au long de ce dossier à charge, il sera en effet question de val sans retour et de cimes écharpées, de castels noirs et de monastères carcéraux viciés par la chair, de sombres scélérats, en bure ou en armure, et de vierges effarées. Un roman gothique anglais, voué aux émois sublimes, né d'une houle noire qui va de Shakespeare aux «poètes des cimetières», et dont l'effrayant déploiement, du Château d'Otrante (1764) à Melmoth (1820), gagne toute l'Europe. Marquant durablement les romantiques, l'esthétique symboliste et décadente, la sensibilité surréaliste, il passe le témoin, dans les années 1920, au cinéma, connaissant avec F. W. Murnau, Tod Browning et James Whale une assomption visuelle que parachèveront les cinéastes italiens ou les films de la Hammer et que répercutera la bande dessinée, de Bernie Wrightson à Philippe Druillet. Loin de n'être qu'une batterie d'accessoires faciles à parodier ou un lot de grosses ficelles aisées à actionner, le récit gothique offre à l'homme la capacité de sonder sa matière noire et d'éprouver, en connaisseur, ce «ruissellement mercuriel» de la peur dont parlait Henri Michaux. La peur est notre seconde peau, nous susurrent les enfants de la nuit. C'est le ver qui donne son goût au fruit : telle est la leçon du gothique. |
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Angelier, François (2015). Le roman gothique [dossier] : l'éternel revenant. Le Magazine littéraire, 552, p. 68-97.
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