[article]
Titre : |
Faites vos jeux ! |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Alexandre Gefen, Auteur ; Julia de Gasquet, Auteur ; Nancy Murzilli, Auteur |
Année de publication : |
2014 |
Article en page(s) : |
p. 36-71 |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
Jeu littéraire |
Résumé : |
À l'heure où la littérature est prescrite comme un médicament, utilisée comme un manuel pour « réussir sa vie » ou invoquée pour faire des cours de morale, il revient à ce dossier de rappeler qu'elle relève d'abord du jeu.
Avec le jeu, la littérature partage un principe fondamental, celui du désintéressement, mais aussi des processus mentaux : déchiffrer, comprendre, interpréter, c'est participer à une sorte de jeu de stratégie dont les pions sont des mots et l'échiquier est le monde. Qu'il s'agisse de s'amuser des détournements ludiques des mots et des codes sociaux, la littérature produit des univers dérivés en renouvelant des plaisirs fondamentaux de l'enfance : jouer avec des histoires, des rôles et des scénarios, les manipuler et les recomposer, en ne prenant pas le monde au sérieux.
Des jeux littéraires, les règles sont parfois claires et définies par un pacte : c'est le cas dans un roman policier ou dans une pièce de théâtre, mais aussi dans les formes traditionnelles du roman. Mais ce jeu est parfois piégé, lorsque l'auteur nous pousse à interroger le genre et le sens du texte, la fiabilité du narrateur, ou même l'identité réelle de l'auteur et de ses personnages. En ce sens, il y a peut-être autant de formes de jeux que de genres littéraires et autant de parties que de lectures, et chaque expérimentation littéraire est un nouveau divertissement. Mais lire, c'est aussi entrer dans une autre dimension ludique : celle d'une sorte de jeu de rôle qui nous fait emprunter temporairement l'identité d'un personnage pour en comprendre l'état mental, en plaçant chaque lecteur dans un jeu de simulation dont les jeux vidéo et les amusements virtuels sont comme des extensions.
Que le jeu ait été un thème central de la littérature, que les jouets y soient des figures omniprésentes, s'explique donc tout simplement par cette profonde analogie entre l'auteur, ou l'acteur, et le joueur, qu'il soit un enfant enfanteur de mondes comme chez Larbaud ou qu'il joue sa vie dans un pari métaphysique et tragique, qu'il soit un génial stratège, un passionné déchu dans son obsession ou un terrible tricheur. Et que les écrivains aient été les auteurs d'innombrables canulars, questionnaires ludiques, parodies ou formes diverses de récréation, que l'on retrouve en littérature toutes les formes de jeux de rôle, de stratégie, de hasard ou d'expérience, peut se comprendre : jeux et littérature sont des dispositifs à nous faire expérimenter le réel autrement et à nous le rendre à la fois plus heureux et plus disponible - comme le jeu, tel que le définissait Roger Caillois dans un essai resté célèbre, Les Jeux et les Hommes (éd. Gallimard, 1958), la littérature est « libre », « séparée » du monde, « incertaine », « improductive », « réglée » et « fictive »... |
Note de contenu : |
Faites vos jeux ! ; Les mille règles du jeu d'acteur ; Allez à la case fiction ; Sous pseudo ; Roman policier : on ne joue plus ! ; De manette en clavier ; La littérature, jeu de société au XVIIe ; Le roulette surréaliste ; Les sons, les chiffres et les lettres ; L'ouLiPo ; Se jouer des mots ; Les échecs ; des allégories sur un plateau ; Pascal, le pari du jeu ; Une fièvre au XVIIIe ; Le joueur au XIXe ; Des joujoux partout ; Mots croisés |
Permalink : |
http://catalogue.iesp.be/index.php?lvl=notice_display&id=18646 |
in Le Magazine littéraire > 545 (Juillet-Août 2014) . - p. 36-71
[article] Faites vos jeux ! [texte imprimé] / Alexandre Gefen, Auteur ; Julia de Gasquet, Auteur ; Nancy Murzilli, Auteur . - 2014 . - p. 36-71. Langues : Français ( fre) in Le Magazine littéraire > 545 (Juillet-Août 2014) . - p. 36-71
Mots-clés : |
Jeu littéraire |
Résumé : |
À l'heure où la littérature est prescrite comme un médicament, utilisée comme un manuel pour « réussir sa vie » ou invoquée pour faire des cours de morale, il revient à ce dossier de rappeler qu'elle relève d'abord du jeu.
Avec le jeu, la littérature partage un principe fondamental, celui du désintéressement, mais aussi des processus mentaux : déchiffrer, comprendre, interpréter, c'est participer à une sorte de jeu de stratégie dont les pions sont des mots et l'échiquier est le monde. Qu'il s'agisse de s'amuser des détournements ludiques des mots et des codes sociaux, la littérature produit des univers dérivés en renouvelant des plaisirs fondamentaux de l'enfance : jouer avec des histoires, des rôles et des scénarios, les manipuler et les recomposer, en ne prenant pas le monde au sérieux.
Des jeux littéraires, les règles sont parfois claires et définies par un pacte : c'est le cas dans un roman policier ou dans une pièce de théâtre, mais aussi dans les formes traditionnelles du roman. Mais ce jeu est parfois piégé, lorsque l'auteur nous pousse à interroger le genre et le sens du texte, la fiabilité du narrateur, ou même l'identité réelle de l'auteur et de ses personnages. En ce sens, il y a peut-être autant de formes de jeux que de genres littéraires et autant de parties que de lectures, et chaque expérimentation littéraire est un nouveau divertissement. Mais lire, c'est aussi entrer dans une autre dimension ludique : celle d'une sorte de jeu de rôle qui nous fait emprunter temporairement l'identité d'un personnage pour en comprendre l'état mental, en plaçant chaque lecteur dans un jeu de simulation dont les jeux vidéo et les amusements virtuels sont comme des extensions.
Que le jeu ait été un thème central de la littérature, que les jouets y soient des figures omniprésentes, s'explique donc tout simplement par cette profonde analogie entre l'auteur, ou l'acteur, et le joueur, qu'il soit un enfant enfanteur de mondes comme chez Larbaud ou qu'il joue sa vie dans un pari métaphysique et tragique, qu'il soit un génial stratège, un passionné déchu dans son obsession ou un terrible tricheur. Et que les écrivains aient été les auteurs d'innombrables canulars, questionnaires ludiques, parodies ou formes diverses de récréation, que l'on retrouve en littérature toutes les formes de jeux de rôle, de stratégie, de hasard ou d'expérience, peut se comprendre : jeux et littérature sont des dispositifs à nous faire expérimenter le réel autrement et à nous le rendre à la fois plus heureux et plus disponible - comme le jeu, tel que le définissait Roger Caillois dans un essai resté célèbre, Les Jeux et les Hommes (éd. Gallimard, 1958), la littérature est « libre », « séparée » du monde, « incertaine », « improductive », « réglée » et « fictive »... |
Note de contenu : |
Faites vos jeux ! ; Les mille règles du jeu d'acteur ; Allez à la case fiction ; Sous pseudo ; Roman policier : on ne joue plus ! ; De manette en clavier ; La littérature, jeu de société au XVIIe ; Le roulette surréaliste ; Les sons, les chiffres et les lettres ; L'ouLiPo ; Se jouer des mots ; Les échecs ; des allégories sur un plateau ; Pascal, le pari du jeu ; Une fièvre au XVIIIe ; Le joueur au XIXe ; Des joujoux partout ; Mots croisés |
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Gefen, Alexandre, de Gasquet, Julia, Murzilli, Nancy (2014). Faites vos jeux !. Le Magazine littéraire, 545, p. 36-71.
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